Manuel de philo de Poche d’Epictète #7
Comme au cours d’une traversée, si le navire fait relâche sur la côte et si tu vas puiser de l’eau, tu peux, en route, ramasser un coquillage ou un oignon. Mais il faut que ta pensée soit toujours tendue vers le navire et que ton visage y soit sans cesse tourné, de peur que par hasard le pilote ne t’appelle. Et, s’il t’appelle, il faut tout laisser là, afin que tu ne soit point attaché et jeté comme un mouton. Il en est de même aussi dans la vie. Si, en effet, au lieu d’un coquillage ou d’un oignon, une femme ou un enfant te sont donnés, rien ne s’y oppose. Mais, si le pilote t’appelle, cours au navire, laisse tout et ne te détourne pas. Si toutefois tu es vieux, ne t’écartes pas beaucoup du navire, de peur de risquer de manquer à l’appel.
Commentaire
La métaphore du bateau est courante en philosophie grecque, mais elle a peut-être ne plus une signification spéciale pour les Stoïciens. Zeno était un marchand Phénicien qui aurait perdu sa fortune dans un naufrage, et aurait été rejeté sur la plage près d’Athènes. Il y fondit alors la 1ère école Stoïcienne.
Le capitaine de navire sert d’habitude de métaphore pour l’intellect, le capitaine de notre âme. Ici, il semble plutôt symboliser Dieu, ou peut-être à la fois notre intellect et la Raison Universelle.
« Faire relâche sur la côte » semble symboliser ici la vie dans son entièreté, et le bateau repartant fait allusion à notre mort. Les objets (coquillage/oignon) symbolisent, eux clairement, les choses extérieurs auxquelles les gens s’attachent dans la vie, et nos êtres chers. Nous ne devrions pas nous laisser distraire par la richesse, la réputation ou nos relations, mais garder notre attention concentrée sur notre intellect et la façon dont nous utilisons nos jugements. Il s’agit de la pleine conscience Stoïcienne, aussi appelée prosoche.
Nous ne devrions pas devenir excessivement attaché aux autres personnes et aux choses « externes », et toujours nous rappeler qu’elles peuvent nous être enlevées. Accepter cette idée à l’avance (avant d’avoir à la vivre réellement), aide les Stoïciens a supporter la perte. Rien ne nous ai donné pour toujours. Tout change. Un homme âgé doit être préparé à se voir rappeler de la vie à tout moment.
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Mise en pratique
On retrouve comme un leitmotiv dans la philo stoïcienne cette idée de non-attachement, aux choses matérielles bien sûr, mais aussi aux autres humains. Non-attachement ne veut pas dire pas d’amour, pas de possibilités de jouir des choses matérielles ou sécheresse des sentiments. Cela veut dire prise de conscience que nous perdrons un jour ces objets/personnes. Se familiariser avec cette idée, avec les sentiments que cela engendre en nous, nous aide à surmonter l’épreuve lorsqu’elle arrive, puisqu’elle va arriver.