Conseil lecture “Le bug humain” de Sébastien Bohler

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Avec le printemps reviennent les fleurs et l’envie de passer du temps à l’extérieur. Mais ne négligeons pourtant pas de continuer à cultiver notre vie intérieure!

Socrate avait dit “connais-toi toi-même”, citation célèbre mais parfois difficile à mettre en œuvre tellement elle nécessite de patience.

Et bien voilà, “Le bug humain“, de Sébastien Bohler (Ed. Robert Laffont, chez tout bon libraire), est une lecture qui va beaucoup vous aider dans cette voie. Je vous en livre ci-dessous un rapide résumé des idées principales, histoire de vous mettre l’eau à la bouche. Vous trouverez dans ce livre de nombreuses illustrations/explications de ces concepts par les études scientifiques réalisées dans les domaines psychologiques/neurobiologiques, ainsi que des idées supplémentaires que je n’aborderais pas (pas de spoiling! :)). C’est un livre, malgré ce coté très étayé de preuves scientifiques (et heureusement que toutes les “preuves” sont fournies et détaillées!!), qui est très facile et agréable à lire, accessible à tous, pas besoin d’être biologiste de formation.

Sébastien Bohler part du constat que l’Homme est en train, par ses actions spécifiques (industrialisation/technologisation à outrance/réchauffement climatique…), de provoquer la destruction plus ou moins importante de son environnement. Hors sans environnement viable, point de vie… Comment pouvons-nous continuer de vivre sans changer notre comportement alors que nous avons conscience de notre impact négatif sur NOTRE milieu de vie?

Ce n’est pas un énième récit sur l’écologie qui suit ce questionnement, mais une remontée aux sources, au POURQUOI de cet immobilisme.

On descend alors ensemble dans le QG de l’être humain, dans le bureau ovale de notre maison blanche interne: dans notre cerveau! Et l’auteur, au travers des découvertes successives sur cet organe à la fois symbolique, puissant et malgré tout si conditionné, nous livre les clés de son fonctionnement. Cette prise de conscience de notre mode de fonctionnement est importante pour comprendre notre réaction globale vis à vis des problèmes écologiques. Mais elle est aussi tellement éclairante pour appréhender notre vie “de tous les jours” que c’est pourquoi je la relie au “connais-toi toi-même” de Socrate. Qu’auraient pu faire tous les penseurs de l’antiquité, si en plus de la “sagesse”, ils avaient eu les connaissances biologiques que nous avons aujourd’hui…

Pourquoi le cerveau?

Le cerveau est le garant de notre survie. Cela est valable pour tous les animaux qui en sont dotés. Il faut bien prendre conscience que le but premier de la vie, humaine ou non, est de perdurer, de se reproduire. Donc le cerveau a pour fonction de permettre la transmission de nos gènes à une prochaine génération. Pour cela, il régit des fonctions de bases de notre corps: manger – se reproduire – acquérir du pouvoir – avoir un max d’infos sur notre environnement – faire tout ça avec un minimum d’efforts.

Au fil des temps de l’évolution des espèces, les cerveaux qui ont survécu, et donc qui se sont transmis jusqu’à aujourd’hui, sont ceux qui ont le mieux permis aux organismes qu’ils servaient à assurer ses 5 fonctions.

La zone du cerveau où sont logés les neurones responsables de ces fonctions s’appelle le striatum (ou aussi cerveau dit “reptilien”, qui fait référence à son coté “primitif”, dans le sens où c’est le 1er modèle de cerveau créé par “l’évolution”). Cette zone primordiale est ensuite recouverte de plusieurs couches successives de neurones, qui formeront finalement le Cortex, dont le développement est maximal dans l’espèce humaine

Intervention de la Dopamine:

La dopamine est un neurotransmetteur, c’est à dire une petite molécule qui passe d’un neurone A à un neurone B. Il existe de nombreuses molécules responsables de communication dans nos organismes. La dopamine est appelée “hormone du plaisir” car elle a la particularité d’être libérée par le neurone A lorsque vous éprouvez une sensation de plaisir dans votre corps.

Si la dopamine nous intéresse tout particulièrement, c’est parce que c’est elle qui renforce les circuits neuronaux qui sont responsables de comportements favorables à notre survie. Lorsqu’un comportement favorise notre survie (par exemple manger gras et sucré, dans l’environnement d’un homme préhistorique ce n’était pas si courant que maintenant), la dopamine est libérée dans le striatum, génère du plaisir physique, et renforce la liaison chimique entre les différents neurones qui sont intervenus dans ce comportement. Un homme préhistorique qui arrivait à manger plus de sucre et de gras que ses congénères avait plus de chances de survie, plus de facilités de reproduction, et donc a plus largement transmis un striatum apte à donner du plaisir avec ce “régime” que ses semblables.

Les mécanismes propres de l’évolution et de la sélection naturelle ont sélectionné dans notre cerveau des caractéristiques qui peuvent aujourd’hui passer du statut de “indispensables à la survie” à “handicap”. En effet, à une époque où c’était celui qui en avait “toujours plus” qui se reproduisait le mieux, aucun système d’inhibition, c’est à dire de freinage, aucun programme de modération, n’est resté à ce jour présent dans notre QG.

Quand tout a basculé…

Un jour, l’environnement n’a plus eu (globalement et dans les sociétés occidentalisées principalement) de ressources limitantes sur ses 5 grandes fonctions primaires et primordiales pour la survie de l’espèce (nourriture, sexe, pouvoir/conquête, domination, information, moindre effort).

Notre cerveau “drogué” à la dopamine trouve des ressources illimitées pour chaque programme, et comme il n’a pas été conçu/sélectionné pour se modérer, cela conduit à l’épuisement des ressources environnementales.

Par exemple, notre appétit légitime de nourriture, une fois en présence de calories illimités, conduit à l’obésité. La nécessité et le plaisir de l’activité sexuelle ont dégénérés sur l’industrie pornographique. L’utilité d’obtenir de l’information sur notre environnement nous pousse à suivre des chaînes d’info en continu qui tournent en boucle et nous font perdre du temps, à lire de la “presse à scandale”, à tourner en rond sur les réseaux sociaux. Le besoin de pouvoir, de statut social est constamment stimulé par la publicité: si l’on se croit provisoirement plus heureux avec une nouvelle voiture, alors que l’on sait au fond que ce plaisir passera vite avec le temps, c’est uniquement parce que la pub titille dans notre striatum le désir de plus. Plus que le voisin pour avoir plus de chance de se reproduire, et donc de transmettre nos gènes. Ce phénomène est bien sûr inconscient, pensez-y pour votre prochain achat.

Le cerveau a la capacité de calculer en permanence le rapport coût énergétique/bénéfice pour la survie génétique de nos comportements.Il privilégie l’inscription dans nos mémoires des comportements qui ont bien sûr le meilleur rapport coût/plaisir. Ce qui veut dire qu’on chercher intuitivement à avoir toujours plus en en faisant toujours moins. Cette logique poussée à l’extrême conduit au remplacement systématique de l’humain par des machines, et quid des humains qui se retrouvent alors au chômage? Notre espèce peine à trouver un équilibre entre confort “utile” (merci ma machine à laver!) et emploi (est-ce bon de mettre des caisses automatiques?).

Un moyen de s’en sortir?

Heureusement, il existe quelques moyens de sortir du cercle vicieux de la domination de notre striatum sur nos comportements:

  • notre cerveau mature en grandissant, et durant l’enfance se développe le Cortex, qui est la couche externe de neurones du cerveau. C’est dans le cortex que l’on retrouve toutes les fonctions “évoluées” (langage par exemple). En ayant une image de se qui ce passe sur le long terme, le cortex peut nous permettre de prendre consciemment des décisions qui suppriment un plaisir immédiat mais favorise un bien-être sur le long terme (une 2e part de dessert versus un petit maillot de bain cet été, ça vous parle?)
  • nous pouvons aussi développer notre altruisme: en effet même un acte “désintéressé” va activer le striatum et générer du plaisir (par exemple donner des choses qui peuvent servir à d’autres versus faire du shopping inutile)
  • nous devons stimuler notre curiosité, faire du développement de la connaissance une norme sociale, passer de l’avoir à l’être
  • nous avons la faculté de “prendre conscience de” ce que l’on pense, fait, dit (vivre en conscience, ou pleine-conscience, pour reprendre un terme que l’on retrouve fréquemment maintenant). C’est à dire prendre du recul, considérer de l’extérieur, et dans ce minuscule moment de recul on peut changer sa décision, passer du mode “fonctionnement striatum inconscient” au mode “cortex conscient”

Ce qui est bien avec ce livre “Le bug humain”, au delà de son titre un peu provoquant et hormis l’explication biologique, c’est qu’il ouvre la discussion sur des sujets d’actualités, de types politiques (au sens noble du terme), bref qu’il nous fait progresser!

Pour aller plus loin vous pouvez aussi lire : https://laboussolepsychophilo.com/7-elements-incontournables-de-la-boussole/ et pour commencer le coté spiritualité, un autre conseil lecture : https://laboussolepsychophilo.com/un-guide-indispensable-1/


Beau voyage dans votre voie!


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